Interview dans l’atelier de COHA

Au cœur de l’atelier de COHA, le processus de création s’anime dans un dialogue silencieux entre la matière et l’intention. Tout commence par un geste précis : les fonds se posent, établissant un espace infini où la lumière vient jouer avec la couleur. Puis, dans un travail à quatre mains, les cercles émergent, révélant peu à peu leur présence.

Veronica Angie Cornejo Llosa et Klaus Rune Hansen façonnent ces formes infinies avec une méthodologie rigoureuse et une sensibilité instinctive. À travers les textures, les superpositions et l’épaisseur du trait, chaque geste devient une empreinte, une vibration unique qui entre en résonance avec l’autre. Ici, la maîtrise technique et l’élan créatif s’entrelacent, donnant naissance à une harmonie née de la différence.

De cette harmonie sont nées deux collections uniques:  Entre lumière et obscurité dont les toiles se jouent des contrastes entre le noir et le blanc et CHROMA, une série d’œuvres qui conserve le cercle comme symbole principal en explorant toute la palette chromatique de l’arc-en-ciel.

Entretien avec COHA à Nîmes, au cœur de leur atelier.

Quel a été le point de départ des collections de COHA ?

Klaus  : Le point de départ, c’était l’idée de créer une collection multiculturelle. Une collection où au final, le Pérou et le Danemark se rencontrent dans une sphère puisque c’est l’endroit où plusieurs cultures se retrouvent, s’acceptent, se tolèrent et s’inspirent. C’est vrai que le Pérou est très différent du Danemark. Le Danemark représente le côté plutôt minimaliste, et le Pérou…

Veronica : Les couleurs. Plein de couleurs, comme l’arc-en-ciel !

K: Mais les deux pays ont un point commun, leur côté très humain et leur sens du collectif. Ces deux cultures qui restent très différentes se retrouvent dans un cercle et c’est la raison pour laquelle le déclic artistique a été de travailler uniquement sur ces formes.

Le cercle est une forme récurrente dans le travail de COHA. Quel rôle joue-t-il dans cette collection en particulier ?

V : Nous avons décidé de travailler le cercle car il est utilisé par l’homme depuis le début. Il a beaucoup de significations ! Le cercle ne possède ni début ni fin, il est continuellement en mouvement. Il y a la partie que l’on voit et la partie que l’on ne voit pas. C’est aussi le temps qui passe. Nous avons voulu travailler le cercle comme message.

K: Un message spirituel. C’est vrai qu’il y a ce qui donne à voir, le côté “homogène”, mais il y a aussi ce que l’on ne voit pas : l’abîme de soi, le vide. Cette partie invisible est peut-être la partie la plus inspirante.

Comment s’est déroulé le processus créatif ? Avez-vous fonctionné différemment par rapport à vos précédentes collections ?

K : Notre approche et notre ADN artistique restent identiques et singuliers. C’est-à-dire que l’on commence toujours par énormément d’aplats, de couches de peinture et beaucoup de création de textures.

Finalement, ce sont ces textures-là qui donnent la profondeur, le relief et la traduction multiple de nos œuvres. Ensuite, arrivent les pinceaux et les cercles.

V: Oui, au milieu des toiles, les cercles émergent, à chaque fois de façon différente. Ce n’est jamais pareil, c’est une création qui ne donnera jamais deux toiles identiques. Cela dépend aussi de la couleur, de la profondeur, des aplats en amont qui vont leur donner une texture différente.

K : C’est totalement ça. Le côté évocateur et l’interprétation très libre de nos toiles est très important pour nous.

La collection CHROMA est décrite comme une célébration des couleurs et de leur lien avec la vie, la nature et le temps. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette approche philosophique ?

K : La collection CHROMA est une collection qui est toujours ancrée dans le même processus artistique, textures, reliefs, profondeur, effets d’optique et cercles… Mais avec beaucoup de couleurs ! Pour nous, les couleurs représentent l’ancrage avec le présent. Pour nous, le présent est un “présent”. Nous avons souhaité renouer avec ce temps et l’instant T grâce aux couleurs, puisque c’est le seul instant qui est vraiment vrai. Le passé est passé, le futur est avenir et le présent est forcément le plus intéressant. Nous trouvons que les couleurs offrent des émotions.

V : Oui, cela dépend des couleurs que nous utilisons pour envoyer des messages différents à chaque fois. Cela dépend aussi de la forme du cercle. Parfois, nous créons deux cercles en même temps, parfois il n’y en a qu’un sur la toile.

En quoi cette collection dialogue-t-elle avec les créations précédentes de COHA ?

K : La collection CHROMA dialogue d’une manière très intense avec toutes nos collections. La collection précédente, “Entre lumière et obscurité” a la même approche. Elle parle de la dualité entre la lumière et l’obscurité car nous pensons qu’on ne devient pas lumineux en regardant la lumière mais en traversant nos propres ténèbres.

L’approche est donc assez identique mais la collection CHROMA est beaucoup plus inspirante vers le temps présent grâce à l’émotion des couleurs qu’on ne retrouve pas forcément dans la collection précédente.

Comment aimeriez-vous que les spectateurs perçoivent CHROMA ? Quelles émotions espérez-vous susciter ?

K : Grâce aux effets optiques, aux reliefs, aux textures, nous espérons que nos collectionneurs d’art voyagent. Nos œuvres peuvent évoquer toutes sortes d’émotions:  la joie, l’étonnement, des souvenirs… Dans tous les cas, cela reste très personnel !

V : Oui, c’est un peu comme les nuages qui émergent librement dans le ciel. Les cercles peuvent nous inspirer, on peut y voir des choses différentes à chaque fois, cela dépend des personnes. Deux personnes qui regardent les mêmes toiles y verront des choses différentes. Et ça, c’est incroyable de pouvoir donner à chacun cette imagination en regardant nos œuvres.

K : Donc nous avons envie de vous dire … “bon voyage” !

Les collections Entre lumière et obscurité et CHROMA sont actuellement accueillies dans des lieux d’exceptions comme le prestigieux Hôtel Imperator à Nîmes, à la Prestaart Gallery d’Uzès et Biarritz, ainsi qu’au sein de la Galerie 28 à Reims.